mardi 28 août 2012

Quel devra être le prix des carburants pour que nos représentants politiques réagissent enfin (bis) ?


La pause aura été de courte durée. Les prix pétroliers atteignent à nouveau des sommets. Nous nous en étions déjà inquiétés en mars. Afin de varier, nous débuterons ce message avec l’édito du journal Le Soir du 21 août 2012.



    



Le prix de l’essence augmente : et après ?


On ne sait trop s’il est sage de se retourner vers le passé. Et même d’indécrottables optimistes doutent parfois que l’homme sache tirer les leçons de sa propre histoire. Voyez cette semaine, au cours de laquelle les carburants devraient atteindre un nouveau record historique. Le week-end dernier, on a vu l’autoroute de la mer submergée d’automobilistes empilés, pestant, lambinant, le conditionnement d’air à fond. Avec le retour progressif des aoûtiens, les axes de pénétration dans les grandes villes se repeuplent à toute allure. Et dans dix jours, c’en sera fait de la (relative) fluidité sur les routes. On retrouvera les kilomètres de files à partir de Bertem, le carrefour Léonard étouffé sous les voitures, la E411 bloquée dès Rosières… Tout cela aggravé par les travaux dans des tunnels bruxellois jusqu’à la mi-septembre. Rien de neuf sous le soleil.

En septembre 2000, ce journal lâchait : « Une chance, le pétrole est cher ! » – s’attirant une volée de bois vert…

A l’époque, le prix du baril avait connu un coup de chaud : il frôlait les 40 dollars ! Nous jugions que « l’alerte pétrolière » était un « signal », prédisions la poursuite de ce mouvement et suggérions d’entamer un changement avant que les circonstances nous l’imposent.

Septembre 2005 : baril à 50 dollars. La Belgique sort de la crise des routiers. Le gouvernement consent des mesures d’urgence pour les ménages et les professionnels et parvient à éteindre l’incendie. Le Soir avance : « Le pétrole augmente : réfléchissons. » Et suggère d’évoluer vers « un autre mode de vie, de consommation sans renoncer à la qualité de notre vie ».

Juin 2008, le litre de super grimpe à 1,6 euro. « A quand les vrais choix ? », se demande le journal. « Pétrole, pouvoir d’achat, notre mode de vie est en cause. » Mais en avril 2011, un brin fataliste, on constatait la difficulté de notre société de « s’arrêter, réfléchir, analyser, apprendre et changer ».

Dès le début, on s’est interrogé sur la capacité du politique à anticiper, s’entourer d’expertise et oser les décisions permettant d’orienter la société vers des modes de consommation plus sobres. On s’est aussi demandé si l’opinion se montrerait assez mûre et ouverte pour accepter une (lente) remise en cause de réflexes quasi conditionnés. Malgré les avertissements, les décideurs ont failli à leur devoir. Et si changements il y a, ils sont modestes et forcés par les circonstances. Ce qui n’est assurément pas la meilleure manière d’en garantir l’acceptation par le public. Alors, on continue ?



Le pétrole, comme les autres produits, est victime de l’inflation. Mais la crainte ici est surtout que nous atteignions pour le moment les hausses inéluctables de prix liées au « pic oil ».  En vue d’approfondir le sujet bien au-delà de l’édito du journal, Wikipédia a créé pour nous un superbe dossier (75 pages) concernant la situation pétrolière.

Alors que le Groenland fond comme jamais, la gare de Lessines est désaffectée, les trains n’ont jamais été aussi rares que pendant ces vacances et la plupart des dettes qui minent nos chemins de fer n’ont rien à voir avec les transports en commun (alors que des dépenses de prestige sont effectuées dans quelques gares privilégiées). Les conséquences sociales des problèmes ferroviaires sur les voyageurs sont négligées, et les effets sur le prix de l’immobilier sont oubliés. 

Le plan de mobilité vient tout juste de sortir. Bien qu’il doive être réalisé par la majorité suivante, il s’agit d’une bonne nouvelle dans la mesure où elle montre que la mobilité est bien devenue un enjeu de la campagne électorale.

Mais l’essentiel des mesures devrait plutôt être ceci :

-    Une offre de train suffisante et des trajets plus rapides vers Bruxelles entre autres. A quoi sert, par exemple, un grand parking si les navetteurs n’y viennent pas faute de trains convenables ?
-    Une gare de Lessines correcte. Peut-on sérieusement imaginer de la laisser s’écrouler ?
-    Supprimer le passage à niveau, c’est un facteur d’immobilité. Connaissons-nous une autre ville de la même ampleur que Lessines qui est aussi coupée en deux par un passage à niveau ?


Certes, ces mesures ne sont pas strictement de la compétence de la ville. Nos représentants politiques devraient mobiliser les relais dans leur parti afin d’atteindre ces objectifs comme il a été procédé dans d’autres communes.

Le moment est crucial, rappelons à nouveau que nous sommes à la veille de la négociation du nouveau contrat de gestion ferroviaire et d’une révision importante des horaires (2013).

Photo : Allégorie de la grenouille