mercredi 23 mars 2011

Les gares seront un enjeu stratégique face à l'augmentation prévue du prix du pétrole.

Pic pétrolier : http://amisdelaterre.paysvertetcollines.over-blog.org/article-la-transition-l-apres-petrole-a-commence-en-2006-64944124.html




Des chercheurs de l’UCL (Creat) et de l’ULB (GUIDe) analysent le scénario d’une Wallonie confrontée à un doublement des prix pétroliers. On se rend compte que ceci aura un impact d'abord sur les navetteurs mais ensuite sur tous. Défendre sa mobilité, c'est défendre son niveau de vie.

L’augmentation des prix pétroliers va provoquer des bouleversements importants dans l’utilisation de l’espace. L’aménagement du territoire tablait depuis 50 ans sur une énergie abondante et bon marché. L’analyse des effets d’une raréfaction du pétrole a été scindée en deux parties : l’une sous l’angle du « temps court », c’est-à-dire dans dix à quinze ans (2025), l’autre sous celle d’un « temps long », à l’horizon 2050. La différence entre les deux temps réside dans les mécanismes par lesquels la raréfaction exerce ses effets. Dans le cas du temps court, le prix augmente mais le contexte global reste similaire à celui que nous connaissons, tandis que, pour le temps long, des changements majeurs du système impliquent que les schémas actuels ne sont plus valables, notamment en termes d’aménagement du territoire. Dans le temps court, aucune modification fondamentale de l’aménagement du territoire et des technologies n’est possible. La recherche prend comme hypothèse un doublement des prix pétroliers et examine ses conséquences sur le territoire à moyen terme.


 L'analyse a souligné les points suivants :

- L’approche « temps court » a montré que les communes rurales (les plus éloignées des villes) seront les plus vulnérables face au pétrole cher, alors que les villes s’en sortent mieux. Les plus sensibles sont les communes les plus éloignées des centres qui combinent à la fois un parc de logements moins bien isolé, des déplacements plus longs, et un revenu médian plus faible. L’augmentation des prix pétroliers risque d’atténuer voire de faire disparaître tous les avantages que ces communes ont pu tirer, ces 50 dernières années, de l’amélioration de leur accessibilité grâce au développement de la voiture individuelle : accès aux emplois extérieurs, arrivée de nouveaux habitants, économie résidentielle, accès rapide aux services et commerces, etc. Le tourisme pourrait cependant permettre le redéveloppement des communes rurales. Comme on voyagera moins loin, le tourisme de proximité aura de l’avenir.
Les populations qui subiront le plus durement la hausse seront bien sûr les petits revenus qui vivent dans les communes rurales éloignées des pôles. La dynamique de l’étalement urbain, toujours plus loin des centres, devrait donc s’inverser. En cas de rupture d’approvisionnement en pétrole, les communes les plus touchées sont celles qui dépendent le plus du mazout pour le chauffage et de la voiture pour les déplacements.
- L’approche ‘temps long’ a montré le gain important lié à une réduction des déplacements entre domicile et travail, et plusieurs mesures allant dans ce sens relèvent de l’aménagement du territoire ;
- Les deux approches ont montré que le mouvement de dispersion de l’habitat (qui se poursuit encore aujourd’hui) devrait s’inverser au fur et à mesure que les prix pétroliers augmenteront. On devrait noter un retour vers les villes,  « les villes vont probablement voir se renverser en leur faveur le mouvement d’exode urbain et d’appauvrissement qui est la cause principale de leurs problèmes depuis un demi-siècle ». Un défi pour les politiques de logement, d’équipement et de mobilité.

L’économie se redéployera. « On peut s’attendre à une reconcentration des activités, du moins celles qui ne nécessitent pas de grands espaces, sur les villes et sur d’autres nœuds de transports ». Le renchérissement des prix du carburant pourrait affecter les magasins et centres commerciaux qui dépendent de grandes zones de chalandise, et ce d’autant plus que la population risque de reprendre le chemin des villes. « On pourrait donc assister, dans les périphéries les plus éloignées, à la création de nouvelles formes de friches commerciales dont il faudra assurer la réaffectation. »

Un défi : moins se mouvoir. Comment accompagner ce mouvement et réduire l’impact du pétrole cher ? Le plus efficace : réduire les déplacements domicile-travail. Pour Bréchet, il faut réduire les coûts liés à l’achat d’une maison tout en menant des politiques plus favorables au secteur locatif. « Tout ce qui favorise la fluidité est bon à prendre. » Densifier les villes, d’accord, disent les chercheurs, mais pas n’importe comment : il faut l’accompagner d’une relocalisation des emplois. Création de logements bon marché dans les villes, maîtrise du coût foncier, lutte contre l’éparpillement de l’habitat, « la plupart des politiques actuelles devront être revues ». Des pistes à long terme – 2050 est l’horizon choisi. Les politiques pourraient, dès maintenant, évoluer.



Concrètement, ceci signifie que si, en 2001, la part du budget des ménages consacrée à l'achat de combustible et de carburant était :

- Pour Lessines et Ath  d'environ 13 % ;
- Pour Flobecq et Ellezelles d'environ 15 %.

En 2025, si on considère un prix des combustibles et carburants doublé, toutes autres choses restant égales (les gares et arrêts SNCB notamment), ils représenteront la part suivante dans le budget des ménages :

- Pour Lessines et Ath, environ 19 % ;
- Pour Flobecq, environ 21 % ;
- Pour Ellezelles, environ 23 %.

D'autre part, la présente étude se fonde sur un doublement du prix du pétrole, c'est-à-dire une évolution de 85 $ à 170 $. Nous en sommes aujourd'hui à un prix qui se situe au alentour de 110 $.

On comprend bien que c'est à notre époque, caractérisée par le début de la rareté du pétrole et les problèmes de pollution, que les transports en commun devraient être les plus performants. Les communes, qui disposeront d'un accès rapide et bon marché aux lieux de travail, souffriront bien moins que les autres communes de l'augmentation du prix de l'énergie. Ceci est une opportunité que Lessines ne peut pas laisser passer.


Cette problématique dépasse de loin la simple nuisance aux navetteurs. Ceci aura des répercutions sur toute l'économie. Par exemple, comment vont évoluer les prix de l'immobilier d'une commune qui s'appauvrit, que les habitants quittent parce que les moyens de transport sont coûteux ? Poser la question, c'est y répondre. Et ceci ne va pas s'arranger suite à l'éventuel abandon de l'énergie nucléaire pour des raisons de sécurité.


Sources :

- http://archives.lesoir.be/un-an-de-croissance-l-8217-evaluation-vient-du-bureau-d_t-20101106-014C5Q.html
- http://www.cpdt.be/telechargement/colloque/2010/slides-Brechet.pdf
- www.cpdt.be/telechargement/publications/lettre/lettre25.pdf