mercredi 16 juillet 2014

L’heure de vérité approche à grands pas.

Afin d’éviter l’extinction programmée de notre mobilité ferroviaire du fait de la mise en œuvre du plan de restructuration de la SNCB, les instances politiques vont devoir mettre cartes sur table dans le cadre des négociations gouvernementales. Le problème ne se limite pas aux navetteurs. Il s’agit plus globalement d’un problème sociétal qui aura notamment des répercussions sur les prix de l’immobilier dans notre région.

Allégorie de la grenouille


Comme vous le savez certainement, le nouveau plan de transport de la SNCB, qui entrera en vigueur en décembre 2014, suscite de vives critiques vu qu’il débouchera à terme sur la disparition pure et simple de notre mobilité ferroviaire.

Dans notre message du 25 mars 2013, nous tirions déjà le signal d’alarme. Dès décembre 2012, une commission communale visant à assurer la défense de notre mobilité ferroviaire était proposée par Oger Brassart lors du Conseil communal de Lessines. Une fois créée ladite commission s’est réunie à plusieurs reprises et elle a ainsi présenté une proposition de modification du plan de transport de la SNCB en date du 18 juin 2014 aux navetteurs. La commission était représentée par Pascal De Handschutter, le bourgmestre de Lessines et par Oger Brassart, conseiller communal.

Le jeudi 26 juin, la SNCB a présenté la deuxième version de son plan de transport. La SNCB a opposé un refus à notre unique demande, à savoir le maintien des trains directs vers Lessines.

Le lundi 31 juin au matin, les amendements proposés par Lessines étaient présentés à la presse. Vous y trouverez les détails ici ainsi qu'une synthèse des changements suggérés par la Commission au travers de l’extrait suivant :

Vers Ath et Bruxelles :

Maintenir une relation horaire omnibus vers Bruxelles avec correspondance à Ath, et ce en un délai de 65’.
Remplacer les 3 trains P  vers BXL (proposé en dehors des heures souhaitées) au départ de Grammont par
1    Un " direct " sans arrêts entre Lessines et Ath puis rejoignant Bxl (arrêts Silly, Enghien, Halle) en 49’  et idem pour le retour. Dans «  l’enveloppe fermée », il remplacerait un train P " direct " de Tournai-Bxl…. Tournai disposerait ainsi encore de pas moins de 12 trains directs (à double étage !) à destination de Bxl entre 6h et 8h. Pour le retour, un train direct  démarrant de Bxl Midi à 17h qui arriverait Lessines à 17h50 (sans arrêts entre Ath et Lessines).
2    Deux trains P "omnibus " entre Lessines (06.04 et 07.00) et Ath permettant de changer pour prendre des trains provenant de Tournai  à destination de Bxl  avec un trajet effectué en 56’ et 59’  et idem pour le  retour d’Ath (17.11 et 18.11) vers Lessines.
3    Ajouter un train P "écoliers"  à 7h30 (départ de Grammont à 7h23) et arrivée à Ath à 7h45  (les trains " P" prévus la SNCB ne correspondent à aucune "demande", que ce soit des navetteurs ou des écoliers (7h11 au départ de Lessines pour les écoliers, c’est trop tôt et 8h11 trop tard)
4    Permettre aux personnes prestant dans un système de pauses de regagner Lessines le soir avec un départ de Bxl postérieur à 22h (dernier départ de Bxl à 22h14 au lieu de 20h14 avec correspondance à Ath à 23h)



La commission ne désespère pas de pouvoir malgré tout encore faire modifier le plan de la SNCB.

Dans la publication du 1er juillet de L’Avenir intitulée "SNCB : les élus lessinois refusent de rester à quai", les élus proposent ceci à défaut de mieux :

« Le matin, celles-ci concernent les trois trains P de 6h11, 7h11 et 8h11. «La SNCB prévoit désormais que ces trains P soient à horaires cadencés, ce qui n’a aucun sens, explique Oger Brassart. Ces trains supplémentaires doivent correspondre aux heures intéressantes pour les navetteurs.»
"Si les trains de 6h11 et 7h11 sont avancés à 6h04 et 7h, les navetteurs lessinois pourront prendre la correspondance de 24 à Ath, poursuit le bourgmestre. Temps de parcours: 56 minutes (contre 1h06 normalement)." La deuxième modification serait d’ajouter un train P supplémentaire à 6h34, au détriment de la liaison Tournai-Ath (qui compte huit trains en deux heures). "Ce train ferait la liaison directe Lessines-Ath. Comme il ne s’arrête pas à Halle: le temps de parcours serait de seulement 49 minutes! Il redeviendrait compétitif non seulement pour les Lessinois, mais aussi pour les navetteurs de Flobecq et Ellezelles, qui commencent à 8h à Bruxelles. " Enfin, le train de 8h11 pourrait être supprimé car "à cette heure-là, les étudiants doivent déjà être à Ath pour commencer les cours, et les travailleurs sont déjà à Bruxelles. " Par contre, un train d’écoliers Lessines-Ath devrait être ajouté à 7h30 (pour remplacer celui de 7h22 actuel). Contrairement aux trois autres, cette dernière proposition ne serait pas "budgétairement neutre" pour la SNCB. Mais toutes sont "rentables", selon le groupe de travail.
Pour le retour Bruxelles-Lessines, les navetteurs qui arriveront en gare d’Ath à 17h41 devront attendre jusqu’à 18h pour leur train P. Ceux qui arriveront à 18h06 devront, quant à eux, patienter jusqu’à 19h!!! Le groupe propose de les avancer à 17h44 et 18h11.


"Ces changements sont nécessaires si la SNCB vise l’efficacité, et non la mort de la gare de Lessines."



Vous trouverez ci-dessous les horaires proposés en décembre par la SNCB grâce à ce lien.


Aller le matin en semaine.

Retour le soir en semaine.

Le nouveau plan horaire de la SNCB est catastrophique pour notre région. C’est le cri d’alarme que lance James Pistral. Cet ancien cheminot fustige aussi la main mise néerlandophone sur le rail ainsi que le désintérêt des mandataires politiques régionaux.
                       

Comme nous l’avons déjà écrit, le plan de la SNCB va à l’encontre :

-    du programme établi par les partis lors des élections communales, programme que nous avons déjà évoqué ici ;
-    du plan de mobilité communal dont un des objectifs vise notamment à maintenir quatre liaisons ferroviaires vers Bruxelles aux heures de pointe : deux directes et deux via des correspondances. Vous retrouverez ici les extraits nous concernant ;
-    du Schéma de Développement de l’Espace Régional (SDER) de la Région Wallonne qui présente Lessines comme un pôle à développer. Ce point a été abordé ici.
                                  

Le plan de la SNCB doit encore être entériné par le Gouvernement. Au-delà des coups médiatiques et des promesses, l’heure de vérité a sonné. Nous allons voir comment les rouages politiques vont concrètement fonctionner à l’heure des négociations gouvernementales. Par exemple, un parti comme le CDH s’est beaucoup engagé. Dans son programme relatif aux élections du 25 mai, figurait notamment la proposition suivante :

"Des gares et des trains au top !" et "2 trains par heure pour faire Lessines-Bruxelles en moins de 60 minutes".

Lors du CA de la SNCB le1er juillet dernier, le CDH a été le seul à opposer son véto au plan de transport.

Par ailleurs, on pouvait déjà lire dans Le Soir du 4 février 2013 : « Lutgen réclame 80 millions d’euros pour maintenir toutes les lignes ». « Sur un budget total de 26 milliards, 80 millions ne représentent qu’une broutille », selon lui.



En l’absence de réaction vigoureuse et conjointe de la part de nos représentants politiques, les jeux sont faits !!! Nous pouvons nous préparer à racheter des voitures afin d’aller encombrer un peu plus les parkings déjà quasiment sursaturés de Silly, Enghien ou Viane-Moerbeke.

Les navetteurs ne seront pas les seules victimes de cet état de fait. Le secteur économique s’en ressentira lui aussi. Quid, entre autres, des prix de l'immobilier d'une commune paupérisée que les jeunes délaisseront faute de moyens de transport efficaces et abordables ? Poser la question, c'est y répondre ...





Photo : Allégorie de la grenouille.